Matière de l’absence

Matière de l’absence

Il en est de certains livres comme de compagnons.


« La poétique de la Relation que propose Glissant […] nous a permis de comprendre qu’il était vain d’opposer l’ombre à la lumière, le local au global, l’individuel au collectif. Elle nous a enseigné à relier ce qui est dissocié, à défaire fusions et confusions pour mieux vivre le Divers. Nous nous sommes débarrassés des artifices qui cajolaient nos perceptions, en faussaient les bordures, anesthésiaient toute blessure rapprochée du soleil. Maintenant nos limites sont assumées : la perception n’est que très peu capable, l’imaginaire est infini. C’est seulementlui qui nous permettra l’ultime élan de Relation : faire de l’impensable une présence chantante. »

Patrick Chamoiseau, « La matière de l’absence », Seuil, 2016, p. 316

 

« Ce n’est plus la simple fonctionnalité d’un groupe qui le maintient en vie, c’est désormais le partage d’une construction imaginaire que l’on habite pour l’essentiel de manière convergente. Depuis, c’est ce qui n’est pas qui nous porte et nous transporte le plus. Nous racontons le chemin où nous cheminons ; nous habitons ce que nous imaginons ; nous sommes ce qui nous habite et que nous imaginons ; dans une boucle sans fin nous inventons tout à la fois passé présent futur. »

Patrick Chamoiseau, « La matière de l’absence », Seuil, 2016, p. 219